Magazine Kivu Focus : Réussir l’Entreprenariat dans un monde décentralisé

La digitalisation et les nouvelles technologies de l’information et de communication ont arraché la Monopolie des institutions traditionnelles : les technologies de transfert d’argent mobile ont décentralisé (et révolutionné) les transferts des capitaux, le Banking et l’accès aux services financiers et monétaires.

YouTube a décentralisé l’éducation, qu’il s’agisse de l’éducation de base (civique & morale) ou de l’éducation professionnelle. Les réseaux tels que Facebook, Instagram, tweeter ont décentralisé le marketing et les stratégies de communication des entreprises et des gouvernements ; les technologies des applications ont décentralisé l’offre des services.

Les plateformes de télétravail (zoom, Google meet, etc.) et les plateformes de vente et transfert des compétences ont globalisé et décentralisé la main d’œuvre et le marché du travail. Le temps de la vie comme elle a toujours été est de loin révolu. Aucune institution traditionnelle, qu’il s’agisse de la famille, de l’école, du gouvernement ou de l’entreprise ne peut se prévaloir d’avoir le monopole de notre éducation, notre développement personnel et professionnel, notre façon de penser ni notre façon de consommer.

Les technologies ont renversé le pyramide en rendant les institutions esclave des bénéficiaires des services (ou biens) offerts par ces institutions : aujourd’hui si l’enfant n’est pas content de l’éduction qu’il reçoit à la maison, il va chercher l’éduction qui le convient sur YouTube et les parents devront, avec délicatesse, essayer de transmettre leur vision de la vie et du monde à un enfant qui a une infinité de choix à la portée de son écran. Bien sûr, Le but de ce papier n’est pas de discuter de la moralité de la technologie, ni de comment ces institutions doivent se réinventer pour s’adapter à cette nouvelle réalité mais simplement, aider les entrepreneurs de l’espace Kivu à changer leur manière traditionnelle de penser en adoptant le mental qui irait avec le moment et les réalités du moment.

Alors comment réussir les affaires dans un environnement décentralisé ? Trois pistes de réflexions

Repenser le marché

Traditionnellement, pour vendre, vous aviez absolument besoin d’un point de vente : un endroit physique ou vous stockez et étalez vos marchandises et attendre que les consommateurs viennent regarder la marchandise avant de décider d’acheter ou non. La clé alors consistait d’avoir un « endroit stratégique » qui attirait beaucoup du monde. Ceux qui vendaient des espaces d’étalages au marché de Kadutu ou Birere tiraient d’énormes dividendes parce que chaque commerçant voulait absolument avoir un espace dans des grands marchés pour y étales ses marchandises. Les temps est en train de changer, l’avenir de marche (comme lieu de rencontre entre l’offre et le service) est en ligne.

Les jeunes gens dans les vingtaines et trentaines ne veulent plus des embouteillages des marchés physiques. Bien plus, Leur premier réflexe quand ils ont besoin d’un produit ne consiste qu’à le consulter sur internet. Si les gens peuvent rencontrer vos produits en ligne, conclure les négociations en ligne, vous êtes déjà dans l’avenir. Si vous pouvez vendre des espaces d’étalages des marchandises en ligne (plateformes de vente d’espace pour vendre), vous êtes déjà dans l’avenir. Avoir un business aujourd’hui sans un groupe WhatsApp, une page Facebook, Instagram c’est non seulement refuser d’aller vers le lendemain mais c’est un manque à gagner.

Les jeunes de la génération 2000 sont dans 50 Groupes WhatsApp ; une de leur classe, une de leur école, une de leur église, une de leur chorale, une de leur département de la jeunesse et 45 groupes où on vend les habits, les chaussures et les téléphones… Parce que l’Avenir est virtuel

Repenser la compétition

Pour un marché physique vos compétiteurs étaient au mieux le vendeur du prochain étalage au pire les vendeurs de la même ville. Mais un jeune qui a besoin d’une montre intelligente et qui va faire des recherches sur Google, il a une infinité d’options. Dans un environnement décentralisé vous n’est pas seulement en compétition avec l’autre entrepreneur du même coin, vous êtes en compétition avec quiconque au travers le monde qui est dans le même secteur.

Il est peut être aussi temps de commencer à nous poser la question de savoir est-ce que nous sommes capable de compétir avec les indiens ; les kenyans ; les sénégalais sur notre marché et si les indiens peuvent vendre chez nous, sommes-nous capable de vendre en inde ? Voilà les véritables questions du moment

Repenser le rapport qualité/prix

Jamais dans l’histoire de l’humanité cet adage n’a été aussi vrai, le client est Roi. Il est Roi précisément parce qu’il a le choix et pas n’importe quel choix, le choix sur un marché mondial. Oui, maintenant le client congolais peut se procurer les écouteurs à Taiwan. Il peut et par conséquent, il devient capricieux.

Les jeunes de la nouvelle génération veulent ressembler à leurs contemporains de Paris ou Accra, par conséquent, ils veulent avoir les mêmes gadgets, même marques que leurs amis. Ils veulent les choses de qualité à moindre coup. Quand il a besoin d’un écouteur ou un iPhone par ex, il va chercher le prix de Kampala, Kigali, Nairobi, Dar es Salam, Goma, Bukavu ; trouver le marché qui lui offre le meilleur gadget au meilleur prix ensuite trouver une connaissance (un ami, ou un ami, d’un ami, ou un ami d’un ami d’un ami) qui est à cet endroit, passer la commande et dès que l'ami ou la connaissance revient ; il lui rapporte le gadget. Et ça Marche. Nous devons donc être dans la logique de réduire au maximum le prix de notre offre tout en améliorant la qualité de nos produits si nous voulons survivre le marché et l’environnement décentralisé dans lequel nous devons malheureusement opérer.

La question aux entrepreneurs, votre façon de faire est à la hauteur des réalités du moment ?

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Jean consolateur