Pourquoi les Jeunes Entrepreneurs de l’espace Kivu échouent, ou du moins n’ont pas aussi des résultats spectaculaires comme ceux de leurs paires d’ailleurs ?
Beaucoup blâment la jeunesse. Qu’elle n’est pas sérieuse avec la vie, qu’elle n’est pas digne de confiance, qu’elle ne sait pas s’organiser, travailler, n’a pas d’expérience, etc. Il y aurait des éléments de vérités de chacune de ces affirmations. Mais nous devons aussi admettre que ces jeunes ont fait preuve de l’inventivité, imagination, capacité à innover, et preuve de résilience remarquable.
D’ailleurs, il n’est pas rare d’entendre des histoires des jeunes du Kivu qui font incroyablement bien en dehors de l’espace Kivu.
Ils ont démontrés qu’ils étaient capables de produire et implémenter des idées originales et dans la plupart des cas sans ressources.
Alors si le problème n’est pas la semence, qu’en est-il ?
Notre postulat est que le plus grand problème c’est l’environnement, que je préfère designer comme écosystème. Prenez la meilleure semence du monde, mettez là dans un mauvais écosystème et vous n’aurez rien à récolter. Par contre, prenez une semence médiocre, et mettez là dans un excellent écosystème et vous pouvez espérer avoir quelque chose.
Aucune semence, aussi médiocre elle puisse être, mise dans un excellent environnement ne puisse être capable de produire quelque chose, à moins de ne pas avoir un pouvoir germinatif. Or, les jeunes du Kivu ont prouvés plus d’une fois, qu’ils détiennent un pouvoir germinatif tout aussi égal si pas supérieur à leurs paires de la région. Ils sont capable des générer des idées nouvelles et les implémenter même dans les conditions extrêmes.
Alors quels sont les conditions écosystémiques nécessaires pour favoriser la germination, la croissance, la floraison et la fructification des idées des jeunes du kivu ?
Le sol : dans notre analogie cela correspondrait au paradigme. Sans le paradigme adéquat, les idées ne peuvent pas se développer. Le paradigme est la façon de voir la vie, le monde. C’est le support sur lesquels se développe toute idée et vision du monde.
Malheureusement, le paradigme largement admit est celui de victime et des dépendants qui ont besoin d’être assisté. Cette façon de voir le monde à des implications désastreuses qui vont malheureusement au-delà des objectifs de cet article. Qu’il suffise de dire ici, que votre paradigme (ensemble des vos suppositions, vos croyances et vos convictions profondes) sont responsable de la qualité de vie que vous avez.
Un paradigme inadéquat conduit inévitablement à des résultats inadéquats.
La température : qui représente la confiance qui découle des interactions entre différentes cadres institutionnels. Bien banalisée au quotidien, la confiance est le ciment de toute vie sociale. Vous avez pris le bus que vous avez pris aujourd’hui (ou la moto) pour vos courses parce que vous aviez confiance que le chauffeur était une personne censé et par conséquent, il ne va pas vous conduire droit dans un mur.
Vous aviez aussi confiance en d’autres chauffeurs, qu’ils vont essayer de conduire de façon raisonnable. Si vous aviez des raisons sérieuses de douter de la capacité du chauffeur de bien conduire vous ne serez jamais monté dans ce bus ou sur cette moto.
Cela peut être dit de chacune de vos interactions sociales. Mais nous sommes tellement habitués à ces choses que nous ne pensons pas de façon consciencieuse que nous prenons ces décisions sur base de la confiance que nous avons en ces instruments ou ces institutions. Mais nous devons reconnaitre que la confiance institutionnelle est au niveau le plus bas et reste la principale cause de notre inefficacité, nos performances médiocres et notre sous-développement. De la même manière que sans une température optimale, pas de croissance, sans confiance pas des sociétés ou institutions prospères.
Atmosphère : le cadre institutionnel. Qu’il s’agisse de l’accès à l’information, à la formation et aux services tels que, les services financiers, juridiques, la réussite des idées des jeunes passe par l’émergence des institutions saines et fiables.
La pluie : ceci correspondrait au leadership. Qu’il s’agisse de principe de perception personnelle ou de gestion personnelle, sans un leadership personnel et sociétal adéquat, la réussite sera hors la portée de la plus part des jeunes. Le leadership inclut le fait de trouver sa raison d’être, formuler une vision et mobiliser les ressources (qu’il s’agisse des ressources humaines, matérielles et financières) pour rendre réel et matériel la vision.
Le leadership engineering (l’ingénierie du leadership)
Le travail d’un ingénieur Agronome consiste à réarranger soigneusement les éléments de l’environnement pour permettre à la semence de produire le maximum de ce qu’il peut. Il joue de ce fait le rôle de Catalyseur. Le génie du métier consiste alors d’étudier et détecter le moment optimal où la semence est susceptible de donner le meilleur d’elle-même.
De la même manière que nous avons besoin des ingénieurs Agronomes, nous avons besoin de ingénieurs leaders, des véritables catalyseurs qui vont agir sur l’écosystème et réarranger les éléments de l’environnement pour permettre aux jeunes et à leurs idées de produire le meilleurs de ce qu’ils peuvent.
Ce qu’il nous faut c’est un leadership Catalyseur.
Si l’écosystème est favorable, Cad, le paradigme qu’il faut, le niveau de confiance qu’il faut, le cadre institutionnel qu’il faut et le leadership qu’il faut, la jeunesse du Kivu sera au cœur des innovations dans la région.
Bon vent
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