(Enquête partie II)
Deux mois déjà depuis que le mouvement rebelle soutenu par le Rwanda, le M23 occupe la cité frontalière de Bunagana. Ces rebelles enrôlent par la force les enfants dans leur groupe, violent, exploitent illicitement des minerais et imposent des taxes à la population civile.
Des Tueries
Selon le rapport de Human Rights watch consulté par kivukwetuinfo.net, le groupe armé M23 a sommairement tué plusieurs civils depuis la mi-juin 2022 dans les zones qu’il contrôle dans l’est de la République démocratique du Congo, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui. Il est de plus en plus craint que cette force rebelle responsable d’exactions, et largement inactive depuis une décennie, ne reçoive le soutien du Rwanda pour ses opérations dans la province du Nord-Kivu.
Des témoins ont déclaré à Human Rights Watch que le 21 juin, à la suite de combats autour du village de Ruvumu, les rebelles du M23 ont sommairement tué au moins 17 civils, dont deux adolescents, qu’ils accusaient d’avoir informé l’armée congolaise de leurs positions et cachettes. Certains ont été abattus alors qu’ils tentaient de fuir, tandis que d’autres ont été exécutés à bout portant. Les meurtres délibérés de civils représentent de graves violations du droit international humanitaire, notamment de l’article 3 commun aux Conventions de Genève de 1949, et constituent des crimes de guerre.
« Depuis que le M23 a pris le contrôle de plusieurs villes et villages du Nord-Kivu en juin, il a commis le même type d’exactions horribles contre les civils que nous avons documentés par le passé », a déclaré Thomas Fessy, chercheur principal pour la République démocratique du Congo à Human Rights Watch. « L’incapacité du gouvernement à tenir les commandants du M23 responsables des crimes de guerre commis il y a des années leur permet, ainsi qu’à leurs nouvelles recrues, de perpétrer de nouveaux abus aujourd’hui ».
Les combats entre soldats congolais et rebelles du M23 ont forcé près de 200 000 personnes à fuir leur foyer Selon l’Organisation des Nations Unies (ONU). La résurgence du M23 intervient alors que la situation sécuritaire dans l’est de la RD Congo s’est détériorée au cours de l’année écoulée, d’autres groupes armés, et parfois des soldats de l’armée régulière, étant responsables de violences généralisées, de meurtres illégaux et d’autres graves abus.
À Ruvumu, une mère de cinq enfants et âgée de 35 ans a déclaré avoir entendu des coups de feu alors qu’elle se cachait avec son plus jeune enfant et d’autres villageois, au petit matin, dans une maison proche de celle de ses parents. Quelques heures plus tard, alors qu’elle et d’autres personnes regardaient en entrouvrant la porte de la maison, elle a vu quatre rebelles en tenue militaire faire sortir son père de sa maison, les mains attachées dans le dos.
Elle dit avoir entendu l’un d’eux crier à son père en kinyarwanda : « C’est toi qui as montré aux militaires où nous étions cachés ! », puis avoir entendu des coups de feu. « Quand nous sommes sortis, sentant un calme, pour trouver où nous mettre à l’abri, j’ai vu le cadavre de mon père au sol, » a-t-elle expliqué. « On lui avait tiré une balle dans la poitrine et il avait toujours les mains ligotées dans son dos ».
Des violences sexuelles !
En 2013, Les rebelles du M23 ont exécuté sommairement au moins 44 personnes et violé au moins 61 femmes et filles dans l'est de la République démocratique du Congo. Des habitants de la région et des anciens rebelles ayant déserté ont fait état d'opérations récentes de recrutement forcé d'hommes et de garçons par le M23 au Rwanda et en RD Congo.
Depuis le contrôle de la cité de Bunagana par les éléments de M23 au moin de juin 2022, des sources concordantes signalent plusieurs cas de violence sexuelle dans le territoire de Rutshuru, dans des villages occupés par les M23. Selon nos sources, au-moins 7 femmes ont été violées par les éléments de M23, parmi eux deux filles mineurs.
Depuis sa création en avril 2012, le M23 a commis des violations des lois de la guerre sur une grande échelle. Malgré les nombreux crimes de guerre commis par ses combattants, le M23 a reçu un appui substantiel de la part du Rwanda. Après avoir brièvement occupé Goma en novembre 2012 et s'en être retiré le 1er décembre, le M23 contrôle actuellement une partie du territoire de Rutshuru , à proximité de la frontière rwandaise.
Instauration des Taxes par le M23
Selon des sources administratives à Rutshuru, les rebelles M23 ont installé des chefs administratifs dans la région sous son occupation depuis samedi 23 juillet dans quelques villages du groupement de Jomba. Leur installation intervient plus d’un mois après l’occupation de la cité de Bunagana par cette rébellion.
le M23 aurait instauré également une taxe de 10 USD par mois et par ménage dans les villages qu'il contrôle à Rutshuru, a alerté la société civile du territoire de Rutshuru au Nord-Kivu.
Les rebelles du M23 ont annoncé en date du lundi 20 juin 2022, la réouverture du poste frontalier de Bunagana, territoire de Rutshuru entre la République démocratique du Congo et l'Ouganda qu’ils occupent depuis le 13 juin.
"Aujourd'hui nous avons procédé à l'ouverture de la frontière au poste frontalier de Bunagana", a déclaré Willy Ngoma, porte-parole du M23, dans une vidéo transmise à la presse.
Le gouvernement provincial du Nord-Kivu a interdit aux commerçants d'utiliser cette frontière, pour le gouvernement, "il est strictement interdit, jusqu'à nouvel ordre, de procéder à l'importation et à l'exportation des marchandises via le poste frontalier de Bunagana qui est sous occupation des terroristes du M23 et leurs alliés rwandais, a annoncé le gouvernement dans un communiqué officiel.
le gouvernement a ajouté dans le communiqué que "toute personne dont la marchandise, de quelle nature que ce soit entrerait par ce poste frontalier, sera considérée comme fraudeur, collaborateur de l'ennemi et subira la rigueur de la Loi”
Malgré la mise en garde des autorités, nos sources affirment que des marchandises traversent la frontière de Bunagana et entrent en République démocratique du Congo.
Plusieurs questions restent sans réponse :
1. Il faut que Kagame décide de mettre fin à cette rébellion dans le territoire de Rutshuru ?
2. Il faudrait que la République démocratique du Congo négocie avec ces hors la loi pour une paix à Bunagana ?
3. Il faut une intervention des forces armées de la République démocratique du Congo pour libérer Bunagana ?
Notre troisième numéro de l'enquête sur la rébellion de M23 au Nord-Kivu sera publié le Samedi 20 Août 2022.
Sources
1. société civile
2. Human Rights watch
5. TV5 monde
6. Actualite.cd
7. rapport de nations unies
Daniel jules
コメント